Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 3.djvu/346

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c’étoit le premier gage de ta tendresse pour moi, je l’ai sacrifié à ce desir. Avec l’argent que j’en ai retiré, j’ai volé au lieu où l’on tiroit la lotterie : je me suis cru au comble du bonheur en trouvant encore des billets, & pas un de mes numéros n’est sorti. Juge de mon désespoir. La douleur m’accable, je tombe sans connoissance, on m’environne ; à force de secours je reviens à moi, je ne puis me soutenir ; je dis ma demeure, & l’on me conduit ici, comme je comptois y revenir, si j’avois été plus heureux. Voilà ce qui a causé mon erreur.

PAULINE.

Eh bien ! mourons ; que pouvons-nous attendre actuellement ? Les horreurs de la faim qui termineront lentement notre vie, qui nous ôteront la force de nous tendre les bras en expirant ?

M. DE S. FIRMIN.

Quelle affreuse extrémité ! Étois-tu faite pour l’éprouver ? Ah ! si le ciel veut une victime, c’est moi seul…

PAULINE.

Quoi ! tu pourrois mourir, & me laisser ?… Ah ! qu’il ne nous sépare pas ; mais, que dis-je ? peut-être en ce moment… cher époux…