Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 4.djvu/68

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si je n’avois eu qu’un instant à vous donner, je m’en serois privé plutôt que de vous interrompre. Vous ne me paroissez pas trop bien, aujourd’hui.

La MARQUISE.

Je n’ai point dormi, j’ai eu de l’agitation, j’ai rêvé ; mais des choses qui m’ont tourmentée beaucoup.

Le BARON.

Je vous plains bien sincerement ; en vérité, il ne me paroît pas trop injuste que l’on ne soit pas tout-à-fait heureux, quand on fait le malheur des autres.

La MARQUISE.

Je vois où vous en voulez venir, Baron.

Le BARON.

Mais, Madame, voulez-vous être toujours insensible ? Je vois, malgré vous, tout ce que vous souffrez de cette rigueur ; l’impression qu’avoit fait le Comte sur votre cœur, ne peut point s’effacer : vous vous efforcez en vain de me le cacher ; votre santé en est altérée ; & il ne dépendroit que de vous de terminer tous vos maux.