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en allant je suis passé par le village de turcs sortes de tziganes, ils sont toujours en train de s’amuser, quels fainéants ! Les hommes chantent et jouent de la musique pendant que les femmes dans les camps vont mendier du pain et des restes, sales gens ! à mon escouade ils peuvent toujours venir je ne veux pas qu’on leur donne rien ! si j’étais gouverneur d’un pays comme ça, je voudrais qu’on inflige la schlague à tous les hommes qu’on trouverait à ne rien faire qu’à danser. Saligauts !…


Juin — comme chaque soir j’ai passé rue Vinizilos qui est la plus belle de Salonique, c’était une rue couverte sur une partie ; de chaque côté sont des petits magasins turcs où l’on vend des broderies, toutes sorte de colifichets, des cigarettes, dans l’autre partie, de côté du quai les magasins sont à [illisible]. Vu la circulation active dans cette rue, il est interdit aux voitures d’y passer, ce sont des gendarmes anglais qui sont chargés de cette police, ces gardiens de la paix sont vêtus comme les soldats anglais mais avec beaucoup plus de chic (ils sont bougrement plus élégants que nos gendarmes à nous !…) ils portent sur le bras gauche un brassard noir avec deux lettres rouges : M. P. — pour arme un revolver et une cravache, sorte de fouet, ils s’en servent facilement, un cocher turc traînant une belle dame, s’est enfilé dans la rue défendue ; l’anglais court après le fait tourner et lui colle un joli coup de cravache sur le corps, j’ai trouvé ça bien rigolo !…

En rentrant pas encore de lettres, ça commence à m’ennuyer, les camarades en recoivent du 13-14-15-16-17. Je n’ai pas de chance moi !

(censuré)