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toujours deux ou trois bouteilles en surnombre de leur groupe : c’est pour les camarades de service. Ces visites se multiplient, selon que l’arrêt de la troupe est plus ou moins long. Les allemands n’utilisent pas le tire-bouchon. D’un coup sec avec le fourreau de baïonnette, ils cassent le goulot et boivent à même la bouteille. Aussi beaucoup de soldats ont des cicatrices aux lèvres.

Lorsque nos ancêtres ont construit en briques le premier bâtiment de la ferme, ils ont maçonné une petite cave dissimulée dans la cour à l’angle de deux bâtiments. Ont-ils agi sous l’influence du souvenir des incursions de voisins, si fréquentes autrefois ? On ne pouvait accéder à cette cave qu’à l’aide d’une échelle, par une ouverture cachée sous l’escalier qui conduisait au grenier au-dessus du poulailler. Cette cave ne fut jamais utilisée, sauf par mon père en 1870 et par moi en 1914. Les deux fois la cave a sauvegardé les denrées qu’on lui a confiées.