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les hopitaux, dans les magasins, comme ordonnances.

Avant de clore ce récit de mes souvenirs de guerre, je veux signaler le cas d’Émile Pruvost. Ce jeune abbé était brancardier. Durant toute la guerre il fut plein d’entrain, de confiance. Vers le mois d’Aout 1918, il commença à perdre cet optimisme ; il s’en ouvrait parfois à sa sœur Yvonne, lui demandait l’assistance de ses prières. Dans ses lettres, il s’ingéniait à ne rien laisser soupçonner à ses parents. Cependant on pouvait pressentir une nuance de pessimisme. Or le dernier dimanche d’Octobre, vers 17 heures, je me trouvais à Bourthes chez Mr  Pruvost en même temps qu’un autre visiteur. Mme  Pruvost nous servit à tous les trois une tasse de café. Pendant que nous buvions leur fils Émile recevait le coup mortel en relevant des blessés.

Enfin ! le onze Novembre, les cloches nous transmirent le message de la victoire, de la cessation des combats.