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Ceci était un autre problème. Je crois qu’il fut très mince le dîner ! J’ai souvenir d’arêtes de poisson en sauce sur mon assiette, mais je crois qu’il n’y avait à peu près rien à côté. C’était le cas de dire : « À la guerre comme à la guerre ».

La nuit passa, la matinée aussi. Puis des heures furent traînées dans ce coucou cahotant aux deux haridelles efflanquées ! La guerre avait tout pris.


Enfin, à 8 heures du soir on nous déposa place de Florimond. J’étais à Dijon !

Nous ne fîmes qu’un saut pour aller à l’hôtel de la rue Jusserrin et à mon gai carillon de toutes les cloches, je vis Henry descendre le grand escalier.

Parti de Langres le matin à cheval, pour avoir de mes nouvelles, il espérait un peu me trouver. Il me porta presque au salon de mes parents où mes bébés firent une entrée sensationnelle. Marguerite[1] ne parlait pas avant son départ et tous deux gentiment s’écriaient : « Bonjour.r.rrr, bonné.é.é mamé.é.é ».

De saisissement, toute la famille demeura muette de stupeur… Grands Dieux ! d’où viennent-ils ? pour avoir pris un pareil accent !



  1. Marguerite ? Édith avait-elle un second prénom qui était plus communément employé ? Je ne sais. En fait, le deuxième enfant de la vicomtesse, selon son acte de naissance, se prénommait Marie Édith Jeanne et n’avait pas encore deux ans au moment de leur retour. Robert, son troisième enfant qu’elle attendait, naîtra le 15 juin 1871. Aurait-elle écrit Marie Édith dans son carnet d’une manière un peu rapide qui pouvait prêter à confusion à la lecture ? Plutôt que Marie-Édith aurait-on préféré l’appeler Marguerite qui sonne mieux ? On ne sait mais il est sûr qu’il s’agit bien d’elle. En 1891, selon le recensement, elle a 20 ans et vit seule avec ses parents au 19 rue Jeannin.