Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tu m’as fort bien reçu ce soir dans ta maison ; dans quinze jours je t’attendrai au cimetière pour y souper. Je compte sur toi. Adieu ! »

Le paysan se promit bien de ne pas se rendre à l’invitation du mort.

Quinze jours plus tard le jeune homme revenait de la ville voisine et passait près du cimetière sans songer davantage au mort, quand celui-ci se montra tout à coup devant lui, le prit par la main et l’entraîna en lui disant :

— « C’est bien ; tu es un homme de parole. Le souper est préparé et je t’attendais. Pour te fêter j’ai invité tous mes amis. Ils nous attendent près de la porte du cimetière. »

À demi mort de frayeur, le paysan entra dans le champ des morts, où il fut reçu par les acclamations des fantômes assemblés. Son hôte le conduisit à une antique chapelle, souleva la pierre du caveau et le fit descendre dans le souterrain, où un grand souper était servi. Tous les morts vinrent s’asseoir à la grande table et le dîner commença au milieu de la joie générale et de la terreur du jeune homme, dont les dents claquaient violemment.

Voyant enfin que rien de fâcheux ne lui arri-