Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/395

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aux jeunes gens de se livrer à des scènes bien différentes, d’entrer dans les « veilloirs », de souffler les lampes à bec, de briser les chaises et les rouets des fileuses, et de chasser à coups de bâton les veilleurs et les veilleuses. Ou bien encore on apportait des cadavres de chiens, de chats, voire même de chèvres ou de moutons, et l’on jetait ces charognes dans le cercle des veilleurs !

Le Carnaval achevé, les veillées duraient encore quelque temps avec leur caractère habituel, pour se terminer aux environs de Pâques.



Cette ancienne coutume de se réunir le soir aux veillées, pendant la mauvaise saison, a disparu avec les causes qui l’avaient produite. L’aisance générale a augmenté avec les progrès de l’agriculture ; puis l’industrie est venue apporter une occupation aux paysans que ne retiennent plus les travaux des champs ; des usines, des manufactures se sont établies partout ; le salaire augmentant pendant que l’instruction populaire se généralisait, une sorte d’évolution a donné naissance à une vie nouvelle toute différente. L’intérieur, le chez-soi a pris la place des longues réunions,