Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/55

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Au lever du soleil, le curé arriva à la ferme et se cacha derrière une grande armoire, après avoir mis à sa portée le bénitier et le goupillon. Puis la jeune fille prit la botte de paille, la lia et s’habilla. Le petit homme vert de la veille ne tarda pas à s’introduire par la cheminée dans la chambre de la jeune fermière.

— « Eh bien ! je viens chercher ce que tu m’as promis, la belle. Qu’as-tu lié en premier lieu en te levant ?

— Ce que j’ai lié ? Qu’aurais-je lié ? »

Le diable se tint prêt à saisir la jeune fille.

— « Ce que j’ai lié ? Ah bien, le voici. »

Et la jeune fermière montra au diable étonné la botte de paille qu’elle venait de lier.

— « Ah ! maudite. C’est ainsi que tu veux me tromper ; tu vas me le payer. »

Et ce disant, il allait frapper la jeune fille, quand le curé sortit de sa cachette, le goupillon à la main, et se mit à asperger d’eau bénite le pauvre diable qui poussait des cris épouvantables.

— « Ah ! monsieur Satan, vous vous jouez ainsi de vos promesses. C’est bien ! Criez un peu ; allons, dansez, trémoussez-vous ! Donnez-nous du