Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/6

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de ma petite fille. Mais que faire ? que faire ? mon Dieu !… »

Après avoir bien réfléchi, la jeune mère pensa que l’enfant qui se trouvait dans le berceau pouvait fort bien être sa propre fille changée, enlaidie ainsi par les fées ; et, ne sachant à quoi se résoudre, elle fit part de ses doutes à une de ses parentes qui passait pour fort experte en la matière.

— « Voici ce qu’il te faudra faire, lui dit celle-ci. Rentrée chez toi, place le berceau de ta fille auprès du foyer. Puis, prends une douzaine d’œufs, casse-les par le milieu avec soin et, après avoir vidé les coquilles, remplis-les d’eau et mets-les à bouillir dans les cendres bien chaudes. Fais ceci bien gravement et sans rire. Si l’enfant est fille de fée ou fée elle-même, elle ne pourra s’empêcher de se trahir par quelque mot qui lui échappera. Hâte-toi, surtout. Pendant ce temps, qui sait ce qui peut arriver à ta petite fille ? »

La femme, à peine rentrée chez elle, approcha le berceau de la cheminée, cassa les œufs et mit les coquilles à bouillir dans les cendres du foyer. La fée regardait les coquilles avec le plus grand étonnement. Quand elle vit l’eau bouillir, elle n’y