Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/8

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— Tu vas la retrouver dans le berceau dès que je serai partie. Adieu ! adieu ! »

Et ce disant la petite fée quitta le maillot dans lequel elle se trouvait renfermée, grandit, grandit et reprit sa forme et sa taille naturelles. Puis, sautant de ci de là dans la maison, elle avisa l’ouverture de la cheminée, contempla une dernière fois les coquilles d’œufs dans le foyer et disparut en chantant :


J’ai bien pour le moins neuf cent et quelques ans ;
Jamais je n’avais vu tant de petits pots bouillants !

Au même instant, la mère entendait des hi ! hi ! hi ! dans le berceau ; c’était sa petite fille qui marquait son retour à la maison par une musique à sa façon.

Elle était fort bien portante et ne semblait en aucune façon avoir souffert de son séjour chez les fées. Jugez de la joie de sa mère, qui n’eut garde, à partir de ce jour, d’oublier d’enlever, chaque matin, un cheveu de la tête de son petit chérubin.


(Conté en février 1881, à Paris, par Madame A. Carnoy).