Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/213

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n’être pas compris, et, dès lors, le lecteur vous quitte ; car, s’il veut entendre l’histoire que vous lui racontez, c’est à la condition que vous lui montriez clairement que celui-ci est un fort, celui-là un faible. » Ç’a été le tort impardonnable de l’Éducation sentimentale et l’unique cause de son échec. « Cette volonté de peindre les choses comme elles sont, les aventures de la vie comme elles se présentent à la vue, n’est pas bien raisonnée, selon moi. Peignez en réaliste ou en poète les choses inertes, cela m’est égal ; mais quand on aborde les mouvements du cœur humain, c’est autre chose. Vous ne pouvez pas vous abstraire de cette contemplation ; car l’homme, c’est vous, et les hommes, c’est le lecteur. »

Flaubert répondait qu’il préférait une phrase bien faite à toute la métaphysique, et il se renfermait, avec une sorte de mystère jaloux, dans le culte de la forme. Tout récemment le Journal des Goncourt nous donnait un croquis intime d’une de ces séances du club des initiés, au bureau de l’Artiste ; il nous retraçait l’image alourdie de Théophile Gautier répétant et rabâchant amoureusement cette phrase : « De la forme naît l’idée », une phrase que lui avait dite le matin même Flaubert et qu’il regardait comme la formule suprême de l’école, et qu’il voulait qu’on gravât sur les murs. C’est contre cette école que George Sand use les dernières armes de sa dialectique toujours jeune malgré l’âge. Ce sont là des formules déplorables, des partis pris excessifs en paroles. « Au fond, disait-elle à Flaubert,