Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/23

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La première de ces sources, c’est à son origine même qu’il faut la rapporter. George Sand resta toute sa vie dans une dépendance assez étroite des influences qui pesèrent sur son berceau.

Fille du peuple par sa mère, fille de l’aristocratie par son père, elle devait, dit-elle, la plupart de ses instincts à la singularité de sa position, à sa naissance à cheval, comme elle le disait, sur deux classes, à son amour pour sa mère, contrarié et brisé par des préjugés qui l’ont fait souffrir ayant qu’elle pût les comprendre, à son affection non raisonnée pour son père, esprit frondeur et romanesque, qui, dans un intervalle de sa vie militaire, ne sachant que faire de sa jeunesse, de sa passion, de son idéal, se donne tout entier à un amour exclusif et disproportionné qui le met en lutte, dans sa propre famille, contre les principes d’aristocratie, contre le monde du passé ; enfin à une éducation qui fut tour à tour philosophique et religieuse, et à tous les contrastes que sa propre vie lui a présentés dès l’âge le plus tendre. Elle s’est formée au milieu des luttes que le sang du peuple a soulevées dans son cœur et dans sa vie, « et si plus tard certains livres firent de l’effet sur elle, c’est que leurs tendances ne faisaient que confirmer et consacrer les siennes ». Ajoutez à ces sentiments de solidarité et d’hérédité irrésistibles les tiraillements douloureux, les déchirements mêmes du cœur que lui imposent de cruels malentendus, perpétuellement balancée entre les emportements de sa mère et les mépris à peine dissimulés de sa grand’mère ; véritable