Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

précipite dans ce monde inconnu, avec son inexpérience effrénée, ses vastes désirs et une compassion profonde pour les misères et les douleurs qui crient à travers l’humanité, et encore plus pour celles qui souffrent et saignent silencieusement : on comprendra que cette femme soit tout d’abord consternée et saisie à cette vue, comme toutes les belles âmes qui jugent le monde avec leur cœur et dont les aspirations sont violemment meurtries par la brutalité des faits. Elle demandera alors si à tant de maux il n’y a pas de remède.

Ce seront d’abord les préoccupations personnelles, religieuses et morales qui domineront son esprit et ses œuvres. Puis ce sera le tour des préoccupations sociales. Alors, autour de cette femme inspirée, de ce poète applaudi, de cet écrivain déjà populaire, vous verrez se presser en foule les docteurs de la rénovation universelle, les empiriques et les utopistes, les sophistes et les rêveurs, les apôtres sincères et les charlatans de la question sociale, les exploiteurs et les exploités, les ambitieux et les naïfs. Ils ont trouvé dans George Sand l’éclatant porte-voix de leurs doctrines. C’est à qui lui proposera un plan nouveau, un système inédit, la philosophie, la politique, la religion de l’avenir. La nature de Mme Sand la prédisposait à subir le despotisme des convictions âpres et des imaginations fortes. Fanatique du bien absolu ou, à son défaut, d’un mieux immédiat, rêvé plutôt qu’expérimenté, plus paresseuse à concevoir l’idée qu’à la