Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/73

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improvisée de son esprit ou la malice piquante de sa raison, sa mélancolie ou sa gaieté.--En 1849 elle fit jouer sa comédie pastorale de François le Champi. Nous ne la suivrons pas longuement dans cette voie nouvelle, dans laquelle l’auteur ne rencontrera jamais un succès égal à son mérite, à son effort, à son visible désir de bien faire. Le tour particulier de son talent, amoureux de l’analyse et de la poésie, ne lui profitait pas ici autant qu’ailleurs. Ce qu’il faut, au théâtre, c’est la science du relief, l’instinct de la perspective, l’habileté des combinaisons et surtout l’action, encore l’action et toujours l’action ; c’est la gaieté naturelle qui enlève le rire, ou le secret des émotions fortes et l’imprévu qui saisissent l’esprit. L’action vive et rapide n’était pas le fait de Mme Sand. Ni l’esprit dramatique ni la vis comica ne se rencontrent chez elle. Son théâtre manque de relief ; les formes trop simples et trop nues de son art, son habitude des analyses délicates et des sentiments fins, le style même, d’une prodigieuse facilité, mais un peu prolixe et parfois un peu déclamatoire, qui tantôt ne brille que par une simplicité savante et tantôt s’illumine de l’éclair lyrique, mieux à sa place dans un roman, voilà autant d’obstacles à sa popularité sur la scène. Quoi qu’il en soit, pendant de longues années, dans la dernière période de sa vie, depuis François le Champi et le Mariage de Victorine (1851) jusqu’au Marquis de Villemer (1864), Mme Sand fut, avec un succès inégal, passionnément occupée de son théâtre.