Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/78

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résignation gaie et le plus difficile courage, celui qui ne craint pas de se mesurer avec le temps et d’attendre, presque sans espérance, un changement invraisemblable. À travers quels incidents variés un art ingénieux conduit l’intérêt, le soutient en le graduant et le variant sans cesse, comment tout se démêle enfin sous la main délicate de l’auteur, comment l’épreuve de ces deux âmes vaillantes se termine et se consacre par un bonheur qui n’est que le résultat naturel et comme l’œuvre de leurs généreuses qualités, voilà où se marque le talent renouvelé de l’auteur. La dernière partie du roman, la rencontre de Jean de la Roche, déguisé et méconnaissable, avec la famille Butler, une excursion très pittoresque au Mont-Dore, qui lui fournit l’occasion de s’assurer si on l’aime encore après cinq longues années d’absence et de malentendu, le repentir tardif de Hope Butler, l’expiation qu’il offre pour le mal déjà fait, mais qui, dans l’enfant devenu jeune homme, garde encore son caractère étrange et maladif, ces dernières scènes, si naturelles et si bien préparées en même temps, achèvent l’émotion du lecteur.

Nous ne raconterons pas le Marquis de Villemer, popularisé par le théâtre aussi bien que par le roman. Bien des fois déjà on avait vu le drame ou le roman aux prises avec des données analogues. Ni dans la littérature anglaise, ni dans la nôtre, l’histoire de l’institutrice ou de la demoiselle de compagnie n’est nouvelle. Mais ce qui est nouveau ici, c’est l’analyse des personnages, tracés avec autant de ne