Page:Carré, Recherches sur l’administration municipale de Rennes.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
LA COMMUNAUTÉ.

provoquer une assemblée de la Communauté, il pouvait se heurter à la résistance passive des notables. Le 17 juillet 1598, il invite la Communauté à siéger. Accompagné de Talloué ou second juge du Siège Présidial, il se présente à la Maison de Ville et n’y trouve personne[1]. L’année suivante le Parlement rend un important arrêt sur les assemblées de la Communauté ; il fait dresser par elle une liste de tous les bourgeois qui doivent y siéger ; il veut que nul ne puisse s’y refuser sans excuse légitime ; il permet aux députés d’un seul quartier de délibérer sur les affaires de la ville, en l’absence des autres députés. Le jour où ce règlement fut lu dans la Communauté, des protestations se firent entendre, et il se trouva des bourgeois qui déclarèrent ne plus vouloir assister aux délibérations[2].

Il est difficile de dire avec précision ceux des habitants de Rennes qui prenaient place aux assemblées de la Maison Commune. Un certain nombre de personnages y entraient de droit ; mais beaucoup devaient s’y glisser qui n’auraient point dû y paraître et qui n’y venaient que pour assurer le succès de quelques ambitieux dont ils formaient la clientèle. Un arrêt de règlement rendu en la Maison de Ville en 1627 le déclare d’une façon positive ; depuis longtemps, dit-il, ceux qui veulent obtenir des dons de la ville, ou se faire attribuer les indemnités des députations, introduisent dans les assemblées « un nombre affreux de personnes » qui votent selon leur gré[3]. Il est bien probable que ces intrigants furent hostiles à l’organisation régulière d’un corps d’échevins. Il semble toutefois que l’usage s’établit peu à peu de considérer certains bourgeois comme investis du droit et comme ayant le devoir de siéger régulièrement aux assemblées de la Maison de Ville. C’étaient tous ceux qui avaient rempli avec honneur les plus hautes charges municipales, les anciens procureurs syndics, les anciens « miseurs ». On leur donnait même le

  1. Registres secrets (17 juillet 1598).
  2. Archives de Rennes, 476 A, fo 71 ro et vo (12 novembre 1599).
  3. Ibid., 348 (29 décembre 1627).