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ORGANISATION MILITAIRE.

On voit fonctionner à Rennes, ainsi que dans bien des villes de Bretagne[1], une institution qui, sans être essentiellement militaire, eut pour objet d’exercer les habitants au maniement des armes. C’était une sorte de société de tir, la « confrairie des chevaliers du papegault », ainsi nommée parce que ses membres s’exerçaient au tir de l’arc, de l’arbalète et de l’arquebuse, en prenant pour but un oiseau de fer ou de bois que l’on appelait « papegault » et que l’on fichait au bout d’une verge de fer, sur une des tours de la ville. Chaque année un concours s’ouvrait entre tous les « chevaliers », et le vainqueur, l’ « abatteur du papegault », était proclamé « roi ». La confrairie nommait tous les ans deux prévôts qui administraient les « deniers » mis en commun. La Communauté exerça une certaine surveillance sur les « rois », les prévôts et les chevaliers du « papegault ».

Un des registres de la Communauté fournit des détails précis sur l’institution originale dont il est ici question. Le 1er mai 1607, les prévôts du « papegault », accompagnés d’un grand nombre de chevaliers, parurent « en l’enclos de la maison commune », et présentèrent au « corps de ville » un « joyau du papegault »[2] dont ils avaient surveillé la fabrication ; ce « joyau » avait été « chiffré » par le lieutenant du gouverneur ; la Communauté s’assura qu’il était « de bonne fabrication ». Pour se conformer à l’usage, les prévôts n’avaient plus qu’à faire connaître la liste sur laquelle les chevaliers devaient leur choisir des successeurs. Ils le firent, et, sous les yeux de la Communauté, on procéda à l’élection des nouveaux prévôts qui furent l’apothicaire Jean Voilant et Guillaume Pichart, procureur au siége présidial. Quand ils eurent prêté serment devant le « corps de ville », M. de Lombart se leva pour aller « ouvrir le jeu ». Les chevaliers le suivirent. Tous se rendirent derrière l’Hôtel de Ville, dans un

  1. Les sociétés de tir à l’arc et à l’arbalète étaient fort anciennes ; le « papegault de l’arquebuse » remonte au duc François II (Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 235 : 1540).
  2. Le « joyau » n’est pas autre chose que le « papegault » lui-même.