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ORGANISATION MILITAIRE.


Il suffira de dire maintenant quelques mots de l’administration de la prévôté du « papegault », des privilèges du « roi » et de la réunion au domaine d’une partie de ces privilèges. Il subsiste un compte des prévôts pour l’année 1603-1604. Cette pièce est fort intéressante en ce qu’elle nous apprend que tout homme qui se faisait recevoir chevalier payait un droit d’une livre, et que chaque chevalier payait une cotisation annuelle de deux sous ; en 1603 il y avait à Rennes deux cent trente-trois chevaliers du « papegault ». Les prévôts faisaient toutefois des dépenses qu’ils ne couvraient pas avec leurs recettes, et la Communauté le constatait quand elle revisait leurs comptes ; elle consentait à leur accorder quelques secours, et, grâce à elle, la confrairie ne s’endettait pas. Les prévôts faisaient dire une messe par semaine dans le couvent des Carmes, ce qui leur coûtait quinze livres au bout de l’année ; ils offraient au prieur du même couvent une collation de trente sous. Le premier mai, quand s’ouvrait le concours, ils payaient des hommes de peine pour transporter dans le champ de tir des tapisseries décoratives, des tables et des chaises ; ils y installaient des « buvettes » ; ils y offraient une collation succulente au gouverneur ou à son lieutenant, aux connétables et aux notables bourgeois. Dans le compte que l’on analyse ici les prévôts accusent de ce chef une dépense de soixante-treize livres huit sous[1].

L’institution du « papegault » paraît avoir été assez démocratique. Le droit payé par tout chevalier, à son entrée dans la confrairie, n’était pas trop élevé pour que beaucoup de gens en fussent exclus ; des privilèges très enviables étaient conférés au tireur le plus adroit. Le « roi » du papegault pouvait faire entrer dans la ville, vendre ou faire vendre en détail, sans payer aucun droit, cinquante tonneaux de vin. Il va de soi que s’il avait le goût de la fraude, il introduisait dans Rennes une plus grande quantité de vin et faisait de très gros bénéfices, durant son année

  1. Archives de Rennes, 59, Compte des prévôts du « papegault » (1603-1604).