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ORIGINES DU PARLEMENT DE BRETAGNE.

moment, se firent une guerre d’arrêts. Il est curieux de constater que le Parlement de Nantes fonctionne comme celui de Rennes ; que les registres secrets signalent des deux côtés les réceptions d’officiers, les prestations de serment, avec les mêmes formules ; que les arrêts rendus présentent beaucoup d’analogie, dans l’esprit et dans la forme.

Les officiers pourvus par Mercœur devaient commencer par affirmer leur autorité comme juges souverains en matière d’appel : personne, disent-ils, ne peut « comparoir et procéder ailleurs que par-devant les présidents et conseillers, tenant la Cour de Nantes[1] » ; d’ailleurs, ils donnent commission pour informer contre les officiers qui sont restés à Rennes[2] ; ils décident même d’enlever à cette ville son siège présidial pour le transférer à Dinan[3] ; si le Parlement de Rennes publie en écrit contre celui de Nantes, tous les exemplaires saisis sont brûlés par les mains du bourreau, sur la place du Bouffay, et les cendres en sont jetées au vent[4] ; si l’évêque de Nantes, Philippe du Bec, qui s’est retiré à Tours, se mêle aussi d’écrire contre les Nantais, les magistrats ligueurs poursuivent son œuvre avec le même acharnement ; plus tard ils vont même jusqu’à le déclarer infâme, déchu de tous ses bénéfices et incapable d’en tenir aucun, et ils enjoignent enfin au chapitre d’écrire à Grégoire XIV pour demander un autre évêque[5].

Les prédicateurs sont surveillés de très près par la Cour

  1. Registres secrets : 8 janvier 1590.
  2. Ibid., 19 janvier.
  3. Ibid., 3 mars.
  4. Ibid., 29 mars.
  5. Travers, t. III, fo 50.