Page:Carré - Le Parlement de Bretagne après la Ligue.djvu/71

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soixantième denier.

Bretagne a profité des embarras de la royauté pour lui arracher peu à peu des concessions sur la transmission des offices, de même qu’il en avait tiré parti pour installer nombre d’ « originaires » dans les ofiices de « non-originaires ».

Ce ne sont pas toutefois les seules supplications des conseillers de la Cour de Rennes qui ont déterminé Henri IV à rendre leurs offices presque héréditaires. Les rois avaient pris l’habitude, quand une charge devenait vacante, de l’abandonner aux importunités d’un courtisan ; ils ne tiraient donc presque jamais aucun profit des vacances. En assurant les charges à la veuve et aux héritiers de ceux qui les possédaient, Henri IV put leur faire payer un droit, « le soixantième denier de la finance » à laquelle on les avait évaluées[1] ; l’édit de la Paulette fut rendu à cet effet (1604). L’office de celui qui se refusait à payer annuellement le nouveau droit pouvait, après sa mort, « tomber aux parties casuelles ». L’édit de la Paulette donna aux familles de magistrats des gages de sécurité dans la possession des offices. On alla même jusqu’à appeler cet édit « l’édit des femmes », parce qu’il leur était tout particulièrement favorable[2]. Le Roi considérait qu’en le signant il faisait une grâce aux officiers ; cette grâce n’était accordée que pour neuf ans, mais on la renouvela ordinairement dans la suite pour pareil terme[3]. Il est permis de supposer que Henri IV voulait en même temps mettre fin à certains abus du trafic des charges, et que, plein du souvenir de ce qu’avaient fait les

  1. A. de la Gihonais, IVe partie : Succession chronologique, p. 167.
  2. Loyscau, l. II, ch. x, 16. Cf. Registres secrets, passim.
  3. A. de la Gihonais, IVe partie, p. 167 et suiv.