Page:Cartier - Brief recit de la navigation faicte es ysles de Canada.djvu/71

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ce pardonne à son âme, et à tous trespassez, Amen.

Et depuis de jour en aultre s’est tellement continuée ladicte maladie, que telle heure a este, que par tous les trois navires ny avoit pas trois hommes sains, de sorte qu’en l’ung desdictz navires n’y avoit homme qui eust peu descendre soubz le tillac pour tirer à boire, tant pour luy que pour son compaignon. Et pour l’heure y en avoit ja plusieurs de mortz. Lesquelz il nous convint mettre par par foiblesse soubz les neiges : car il ne nous estoit possible de povoir pour lors ouvrir la terre qui estoit gellée tant estions foibles, et avyons peu de puissance. Et si estions en une crainte merveilleuse des gens du pays qu’ilz ne se apperceussent de nostre pitié et foiblesse. Et pour couvrir ladicte maladie lors qu’ilz venoient pres nostre fort nostre cappitaine que Dieu a tousjours preservé, debout sortoit au devant d’eulx avec deux ou trois hommes, tant sains que malades. Lesquelz faisoit sortir apres luy. Et lors qu’il les voyoit hors du fort, faisoit semblant les vouloir battre en criant et leur gectant bastons apres eulx, les envoyant à bort monstrant par signes esdictz sauvages qu’il faisoit besongner tous ses gens dedans les