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les quatre fils aymon

Dans les Fils Aymon, l’on a d’abord quatre frères, les oncles des fils Aymon et leur père : Doon de Nanteuil, Gerard de Roussillon, Beuves d’Aigremont, Aymes et Dordonne. L’on garde une impression vague que ce chiffre de quatre dérive à la fois de celui des fils de Clotaire et des fils de Drogo.

Les trois frères de Renaud sont dits Alard, Guichard, Richard[1]. Cette consonnance, conforme à la tradition germanique[2], n’a aucun intérêt au point de vue de la réalité historique des personnages ainsi désignés ; mais le nom de Renaud[3] se trouve ainsi placé à part, et cela seul peut engager à soupçonner une différence originelle entre Renaud et les autres Fils Aymon.

Par ordre d’âge, Alard est dit l’aîné, puis viennent Renaud, Guichard, Richard. Celui-ci est dit constamment le menor, tous lis mendres[4] ; ses frères sont des hommes faits, lui est un enfant[5]. On le désigne par le diminutif affectueux de Richardet. Roland l’appelle ainsi quand il l’invite à se rendre :

Biaus amis, Richardet, et car te rens prison.
Ce sera grans damages se nos ci t’ocion[6].

  1. L’orthographe ancienne de ces noms, devenus si populaires, est : Aalart (trissyllabe), puis Alart ; Guichart ; Richart. Aalart dérive d’Adalhard. Ce nom est celui d’un fils de Bernard, frère de Pepin, saint Adalhard, qui fonda l’abbaye de Cervey, en Saxe, et mourut le 2 janvier 826 (Pfaff, op. laud., p. LXV). La légende a-t-elle emprunté ce nom carolingien et fait ensuite de Renaud un saint en place de son frère ? ou plutôt n’y eut-il pas là une raison de confondre Renaud et saint Ranvald ?
  2. Kurth, Histoire poétique des mérovingiens, p. 126.
  3. Les formes Raignaus, Reignaus, Regnaus, Renaus, Reinalt (all. Reinolt) ramènent à Ragnovald, Reginovald, Regnovald plutôt qu’à Reinart. M. Leo Jordan estime que Renaut est pour Renart, par suite de la dissimilation que ce mot aurait subie dans le Nord-Est de la France (l. l., p. 90) ; mais plus loin (p. 126-127), tout en maintenant que Reinhart est la forme primitive, il reconnaît que le saint Renvad des monnaies rhénanes conduit à un Reinwald et que d’ailleurs la Saga donne Rögnwald. — Dans les conditions de ses recherches, M. Jordan ne pouvait penser à une confusion entre le nom de Gondovald et celui de ce Ragnovald que nous avons rencontré à Toulouse.
  4. P. 235, v. 29.
  5. Ogier dit : « Hui montrera l’enfant qui le volra amer », p. 269, v. 34. Cf. « Illuec plora l’esvesques por l’enfant Richardet » p. 276, v. 19.
  6. P. 246, v. 38 sq. Cf. « Richardet le menor », p. 247, v. 19 ; cf. 256, v. 33 ; 258, v. 24.