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les quatre fils aymon

laquelle sont posés des aliments. Au-dessus, paraît à travers le feuillage épais une tête coiffée d’une étoffe rouge. — Cette partie répond aux faits qui suivent.

Fo 88, recto A. — Les quatre comtes s’asseoient sur l’herbe. Elinant prend du pain, de la viande, un flacon de vin (pour Renaud) et de l’avoine (pour le cheval) et les apporte sans bruit. Renaud dormait. Blanchard se met à manger. Elinant place les provisions à côté de Renaud sur une nappe et se retire. — Fo 88, recto B. — Renaud s’éveille, voit la toaille et le flacon, croit que c’est œuvre du diable qui veut le tenter, ne touche à rien. Il regarde Blanchart manger son avoine, voudrait faire de même, car il a faim et soif, mais il craint que ce ne soient « fantosmes » et il s’asseoit. Les quatre comtes étaient mécontents de ce que Renaud ne mangeât point. — Fo 88, verso A. — Savary se charge d’arranger les choses. Renaud s’était rendormi.

Sus un arbre monta Savaris coyement,
Bien se couvry de fuelles qu’on ne le vit noyent,
Et a changié sa vois et parloit clerement.
Regnault, dist Savaris, a ma raison entent,
5.Par moi demande Dieu, le pere omnipotent,
Que prengnies de ces biens ton repast vistement.
Dieux les t’a envoyés pour ton avancement.
Lors s’esveilla Regnault qui celle voix entent ;
En estant se leva et se sengnia forment,
10.Cuide ce soit fantosme ou droit enchantement.
Il a traitte l’espée qui au costé lui pent,
Et va autour de l’arbre en regardant souvent
Contre mon(l)t s’il verroit homme du firmament ;
Mais Savaris estoit en tel esconssement
15.Que veoir ne le puest aussy ne aultrement.
E Dieux ! ce dist Regnault, gardez moy de tourment.
Je croy que c’est fantosme qui m’assault encement,
Et Savaris le bers a parler se reprent :
Regnault, que ne fais tu de Dieu le mandement ?
20.Il te mande par moy que sans arrestement
Tu prengnies de ces biens, se tu en as talent,
Et se tu ne le fais, il t’irra malement.