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les quatre fils aymon

D’après Paulin Paris[1], la plus ancienne version en prose des Fils Aymon se trouve dans le manuscrit de l’Arsenal B. L. 243, aujourd’hui 3151. Elle daterait du XVme siècle.

Nous avons vu plus haut que le British Museum possède trois versions en prose, voici le résumé des indications des catalogues :

1° Royal 16 g. II. Après les 617 alexandrins de la version du ms. 764 de la Nationale, l’on a un roman en prose des quatre filz Aimon commençant au chapitre III des versions imprimées : « Or dist le comte que du temps du roy Alixandre ne fut ouye une histoire pareille de ceste qui cy après s’ensuyt ». Le texte finit : Et icy ferons fin de l’istoire de Regnault de Montaubain, le noble chevalier. Et quant le corps fut mis au tombeau, les trois frères s’en retournèrent en leur païs et ne vesquirent gueires aprez, et les enfants de Regnault tindrent la terre bien et en paix, tant que entre eulx ne fut jamais ung seul courroux. Et si obrent depuis tres grant guerre avecques les trahistres de Maience. Mais les enfants ne y perdirent riens, car ilz furent tres bons chevalier et ressembloient bien de vaillance leur bon père, et de courtoisie aussi. Et pour ce gaignoient ilz tousiours sur leurs ennemis. Mais je me vueie ycy taire de Regnault et de ses frères et de ses filz, car en meilleur point ne les puis laissier. Et prie à Nostre Seigneur que par sa sainte grâce nous doint bonne vie et bonne fin et pour l’âme et pour le corps ».

Le texte de l’Arsenal est celui dont se rapproche le plus cette rédaction de la fin de la légende pieuse :

Or prions Dame Dieu qui fist et mer et vant
Qu’il nous praingne a [tel] fin par son digne comment,
Que ne perdonz nos ames par angin de serpent.
Ici faut de Regnaut o le fier hardement
En lor païs s’en vinrent li frere et li enfant.
En pais tinrent lor terre et tot lor tenement,
Puis [ne vesquirent gaires apres cest finement].
Tant ama li uns l’autre, ains n’i ot mal talant.
Nus ne vit tele amor si enterinement.
Si rorent puis grant guerre contre malvaise gent,
Mais je m’en vorrai taire issi faitivement

  1. Histoire littéraire, XXII, p. 707.