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les quatre fils aymon

Palerme, au lieu d’y débarquer et de donner leur aidé au roi Simon de Pouille. Au chapitre V, tout ce qui précède l’assaut de Montessor est supprimé. Comme dans la nouvelle Bibliothèque Bleue, l’archevêque Turpin (épisode de la chasse) est dit l’Ulysse des Français, ce que je ne trouve ni dans l’édition de Carpentras, ni dans celle d’ÉpinaI. Mieux eût valu se borner à ramener le texte à sa simplicité primitive, tout en restituant l’orthographe des noms propres. Guitheclin le Sesne est dit Guitelin le Sesne (Carpentras), Guerdelin le Fêne (Épinal et Le Bailly). L’édition Garnier le remplace par les Sarrasins.

Grâce à Émile Souvestre (Les derniers bretons, 1848, p. 260), l’on savait que les Fils Aymon ont été mis en tragédie en dialecte breton. Un exemplaire s’en trouve au British Museum avec le titre ; Buez ar Pevar Mab Emon, duc d’Ordon, laquet e form un drajedi. E. Montroulez, 1818, 8e, 416 p. Plus récemment, quand, en 1888, le théâtre breton populaire eut un regain de faveur, on jouait à Tradoustain, faubourg de Morlaix, des pièces réduites de l’ancien répertoire et de préférence la Vie des Quatre fils Aymon. Elle figure au nombre des mystères du théâtre breton dont l’on a donné de notre temps une édition populaire. Ces mystères, pour les mœurs, semblent appartenir au quatorzième et au quinzième siècle. Ils sont tous en vers[1].

M. Pfaff, dans son édition de la version allemande populaire des Fils Aymon, a résumé l’histoire de notre poème à l’étranger. On ne peut mieux faire que de renvoyer d’une manière générale à cet excellent travail.

Les Fils Aymon furent de bonne heure connus en Angleterre. Alexandre Neckham, qui écrivait en 1227, raconte dans le chapitre de saccis de son de Natura rerum la mort de Bertolais, telle que nous l’avons dans la Chanson de Geste. Vers l’année 1489, le célèbre imprimeur Caxton publia une traduction en prose de the right plesaunt and goodly Historie of the four son-

  1. V. « Le théâtre breton » dans la Revue hebdomadaire d’août 1898, article de M. Le Goffic (p. 389-405).Cet article a été écrit à l’occasion de la représentation à Ploujean, près de Morlaix, de la Vie de saint Gwénolé, le 14 août 1890. Ces Mystères bretons ont été édités pour la première fois par M. Le Goffic père, imprimeur à Lannion. On les jouait sur le forlach ou champ de foire.