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les quatre fils aymon

pin, au chapitre XI, on ne rencontrait cette ville imaginaire d’Aquitaine, fondée par Jules César, ruinée après la mort à Roncevaux de son duc Engelier et dont le nom s’était étendu à toute la contrée parce que Jules César lui avait soumis Bourges, Limoges, Poitiers, Saintes, Angoulême. La capitale de Saforet est un emprunt à Turpin.

« C’est une idée peu originale que Maugis ait un château à lui[1] ». D’autant plus que nous le trouvons dans la version du ms. 764 : c’est le château de Malaquis.

Parmi les raisons que l’on apporte pour justifier l’hypothèse du caractère plus archaïque de la version néerlandaise, l’on rencontre ceci : dans le texte de Michelant, « il n’est pas dit expressément, comme dans la rédaction néerlandaise, qu’Aimon ait juré à Charles de lui livrer son fils, mais plus tard (dans ce même texte) Renaud lui reproche de l’avoir fait[2] ». La constatation n’est pas probante, parce que la lacune ne se rencontre pas dans d’autres versions françaises plus récentes. Le texte de Michelant est une copie défectueuse en bien des cas.

Pour faire ressortir le caractère individuel des exploits de Renaud (autre trait supposé d’archaïsme) dans la rédaction néerlandaise, on allègue qu’à « Vaucoulon les quatre frères résistent seuls à une armée qui à tout moment est renforcée par de nouvelles troupes », tandis que dans le texte français, ils sont accompagnés à Vaucouleurs de douze comtes[3]. Mais ces comtes, dont sept ont été déjà nommés et présentés par Ys (p. 169, 8 11) sont des traîtres. Tout au moins les sept « seurent bien la traïson mortel » (p. 173, 25), et quand Renaud leur demande leur aide, ils la lui refusent : c’est avec eux que commence le combat. Une fois le comte d’Avignon tué, les autres s’enfuient. Renaud les poursuivrait, mais son mulet ne peut le porter. Alors on voit apparaître Fouques de Morillon, et les frères n’ont plus qu’à se confesser l’un à l’autre avant d’échanger un baiser qu’ils croient le dernier. Les Fils Aymon sont bien seuls en face de l’ennemi

L’on a remarqué une contradiction dans le texte français au

  1. Loke, op. l., p. 117.
  2. Loke, op. l., p. 173.
  3. Loke, op. l., p. 169.