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les quatre fils aymon

Et la quisse et la hance et andeus les arçons.
Le ceval desoz lui li mist en .ii. tronçons,
Tot abat devant lui li enfes si sablon.
M 190 7160Puis li a escrié à molt haute raison :
« Mar vos i envoia l’emperere Charlon ;[1]
Ne vos en va[n]teres à nul des compaignons[2]
Que nos aies tolut vallant .i. esperon. »
Puis receï pamés après ceste raison,
7165Et plore tenrement des biaus oels de son front,
Et regreta ses freres dont il est anguissos.[3]
« Ahi ! frere Renaut, or departirons nos ;[4]
Jamais ne me verres ne je ne verrai vos.
Castel de Montauban, à Deu vos commandon.
7170Ahi ! rois Yon, [sire] que nos demandes vos ?[5]
Por coi nos a traïs et vendus à Charlon ?[6]
Ahi ! pere de glorie, sire de tot le mont,
Secores à mes freres, je ne sai où il sont ;[7]
Car de moi n’aueront il aïde ne socors.
7175Ja ne verai le vespre, si morrai à dolor. »
Renaus l’a entendu, ki estoit en l’estor
Où se combat à force o Aallart le blonc
Et Guiçart le cortois, ki ot cuer de baron ;
Forment sunt apressé, Dex soit garde [d’aus tous] ;[8]
7180Ne fust une cavée d’un destroit, les .i. m[ont],
Dont il ont fait castel, mort fussent li baron.
Renaus ot entendu Richart, le fil Aymon ;
Aallart en apele, si li dist par amor :
« Frere, qu’aves vos fait de Richart le menor
7185Ke je vos baillai hui au premerain estor ? »
« Par foit, dist Aallars, jamais ne le verom.

  1. 7161 Metz : Hé, glos, ce dist Richars, or remanres o nos.
  2. 7162 L vauteres.
  3. 7166 Metz : dont il a grant tenror.
  4. 7167 Metz : Ahi ! Renaus, biax frere, hui.
  5. 7170 Vers faux, complété de M. Metz : Hé ! rois Yx de Gasconne.
  6. 7171 L a traïs et. M as traïs ne. Metz : a traïs et.
  7. 7173-7174. Richard, se sentant mourir, regrette seulement de ne pouvoir secourir ses frères. Ce sentiment héroïque est exprimé avec une simplicité qui atteint au sublime.
  8. 7179-7180. Mots déchirés, bien complétés par Michelant.