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les quatre fils aymon

cord avec Frédegonde et tendit à Merovig un piège dont le hasard seul le sauva[1]. — Nous reviendrons sur tout ceci à propos de la trahison dont les Fils Aymon sont l’objet à Vaucouleurs. — Chilpéric, après avoir renoncé à arracher violemment Gonthramn de la basilique, avait exigé qu’il jurât de n’en point sortir à son insu. Le Mauvais s’en tira par un serment équivoque, et obtint de Merovig que tous deux quitteraient Tours ensemble. Le jeune prince désirait, en effet, revenir auprès de Brunehilde, et l’aventureux Gonthramn espérait sans doute qu’en pays austrasien, avec un roi enfant, et la faveur de l’époux de la reine-mère, il serait à l’abri de la rancune de Chilpéric et s’élèverait en influence et en dignité. Aucun indice n’autorise à admettre que le départ de Tours ait été machiné avec Chilpéric. Gonthramn apparaît ici l’auxiliaire de Merovig, que son intérêt n’était pas de trahir en ce moment. Ils recrutèrent une bande de plus de cinq cents cavaliers et partirent, mais arrivés sur le territoire d’Auxerre, ils furent attaqués par Erpoald, gouverneur du pays pour le roi Gonthramn. La troupe fut dispersée, et Merovig, fait prisonnier, put se réfugier dans la basilique de Saint-Germain d’où, au bout de deux mois, il parvint à s’échapper. Le roi Gonthramn infligea une grosse amende à Erpoald pour n’avoir pas su garder son prisonnier[2].

Nous ne savons rien du rôle da Gonthramn-Bose en tout ceci. Il dut fuir avec une partie des cavaliers. Plus tard, on le voit revenir à Tours, y reprendre ses filles de vive force, et les conduire à Poitiers où il les laisse d’abord dans la basilique de Saint-Hilaire, bien que Chilpéric fût venu dans cette ville qui appartenait à Childebert, pour en chasser les hommes de son neveu[3]. Puis il se retire auprès de Childebert, mais revient encore chercher ses filles. Il les emmenait avec lui, quand Dracolen, un des leudes de Chilpéric, le rencontre. Gonthramn et les siens se préparaient à se défendre, et Gonthramn envoie un de ses hommes vers Dracolen : « Va et dis-lui : Tu sais qu’il y a eu accord entre nous, je te prie donc de ne pas me

  1. Gregor. Turon, V, 14.
  2. Gregor. Turon. V, 14.
  3. Gregor. Turon. V, 25.