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les quatre fils aymon

Car il sunt durement correcié et iré
Por çou que les avons si malement menés.
Bien sai n’ont pas lor gaites à Balençon as gués. »
11100« Par ma foi, dist Guichars, volentiers et de gré. »
Il descendent à terre des destriers sejornés ;
Lor chevaus reçainglerent, lor poitraus ont fermés.
.cccc. chevalier[s] ont avec aus menés,[1]
Et .x.m. si en sunt à Montauban alé.
11105Vienent à Balençon, si sunt oltre passé ;
Desi à l’ost Charlon ne se sunt aresté.
Les lances portent droites, de joste entalenté,
Autresi comme gent qui sunt desbareté,
Et sunt venu tot droit as loges et as trés.
11110Charles, li empereres, s’estoit fais desarmer ;
A ses barons se plaint, molt a grant duel mené[2]
Des .iiii. fius Aymon ki l’ont deserité.
Es vos les fius Aymon as loges et as trés.
Dist Renaus à ses freres : « Ensamble vos tenes.
M 293 11115Sagement, franc baron, ma gent me contenes. »
« Certes, ce dist Richars, qui en pris veut monter,
Ja mar se gardera de sagement aler,[3]
Mais voist en avanture por honor conquester. »
« Richart, ce dist Renaus, tous tans ies desreés. »
11120Richars point le cheval des esperons dorés,
Ainc ne fina de poindre desi au maistre tré.
Il a traite l’espée au poing qui fu dorés,

  1. 11103 L chevalier.
  2. 11111-11113 B A ses barons se plaint, grant duel a demené Des .iiii. fiex Aimon qui l’ont desbareté ; Mais ne se garde mie de Renaut le membré Qui est à .iiii.c. entrez dedans sez trez.
  3. 11117 B esrer. Richard à la recherche d’une aventure pour honor conquester, indique la déviation que tend à subir la légende héroïque. Avec Boiardo et Arioste les Fils Aymon iront de plus en plus en quête d’occasions où ils puissent faire briller leur vaillance. À ces précurseurs aimables du bon chevalier de la Manche, on préfère le Richard sanglant de Vaucouleurs. Quant à Renaud, le héros de notre poème, devenu le protagoniste du roman chevaleresque italien, il garde sans doute des parties de son caractère primitif, mais perd en dignité. — J’avais donné déjà ces vers pour épigraphe au Maugis d’Aigremont l’évolution du cycle des Fils Aymon vers le roman est si marquée et où les emprunts au cycle breton sont évidents.