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les quatre fils aymon

Il paraîtra peut-être que nous avons retrouvé dans les Fils Aymon les restes non seulement de souvenirs légendaires, mais de vrais chants nationaux, de poèmes. Ainsi serait comblée définitivement une lacune dans l’histoire des origines de notre épopée.

M. Kurth, en étudiant, après M. Rajna, un épisode de la vie de Childéric de Frédégaire, a reconnu aussi que l’histoire de Gondovald, qu’il considère d’ailleurs comme un simple aventurier, a fourni les principaux traits de la légende de l’exil de Childéric à Constantinople : « Certes, dit-il, je ne soutiens pas que l’histoire de Gondovald soit devenue celle de Childéric, mais je dis qu’elle doit lui avoir servi de moule[1]

Ainsi subsisterait dans la légende de Frédégaire, écho des inventions de l’imagination populaire, la première partie, la plus romanesque, de la vie de Gondovald ; la seconde, celle de sa guerre avec le roi Gonthramn, se serait fondue avec les aventures de Chlodovig et de Merovig, puis modifiée une deuxième fois par l’introduction d’éléments carolingiens. La légende primitive avait placé sur le même rang les trois malheureuses victimes des rois mérovingiens.

L’histoire de Gondovald s’était, de bonne heure, transformée en une légende, peut-être en un poème, dont le succès fut assez puissant pour que la légende plus ancienne de Childéric en subît l’influence et en accueillît une partie dans son cadre. Ainsi le vieux poème se rajeunissait en s’assimilant des éléments nouveaux, de même que les poèmes consacrés aux fils

  1. Histoire poétique des mérovingiens, p. 192. M. Rajna, que l’on rencontre à l’origine de tant de branches de nos études, dans le chapitre qu’il a consacré à la légende de Childéric, après avoir marqué le rapport de l’histoire de Gondovald et du récit de Frédégaire, aboutissait à ces conclusions : Nella nostra versione della leggenda di Childerico l’episodio di Costantinopoli è manifestamente una creazione individuale e voluta ; però, se esso non fu concepito da uno scritore dovette essere immaginato. date le condizioni franche, da uno autore o rifacitori di canti, e trovar posto in un poema · · · · · · · · · Sicchè, conchiudendo, a me pare verosimile un rifacimento del poema di Childerico sullo scorcio del secolo VI, o al più tardi nei primi anni del VII. Le Origini dell’epopea francese. p. 66, 67. M. Rajna avait noté d’abord que l’épisode à Constantinople donne Maurice pour empereur, et que ce prince a régné de 582 à 602. On voit toute l’importance de cette date. Cf. op. l., p. 62.