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tres, son orateur des communes, son Lieutenant-Gouverneur, ne pourrait soulever la moindre objection lorsqu’il plairait à M. Chapleau d’aller à Ottawa.

Toujours le même système : son intérêt personnel primant l’intérêt public.


III


Par quel tour de force MM. Langevin et Caron réussirent-ils à frustrer ainsi Montréal ? On a peine à le comprendre, malgré les défaillances que nous venons de signaler. Ils n’ont jamais eu l’outrecuidance de prétendre qu’il avait fallu aller chercher à Québec pour y trouver des intelligences et des capacités supérieures.

Que Messieurs Langevin et Blanchet eussent prétendu, sinon à la supériorité du talent, du moins à la priorité, en vertu de l’âge et de l’expérience, passe encore !

Mais MM. Robitaille et Caron choisis à Québec, parce que l’on n’aurait pu trouver leurs égaux à Montréal ! ! !…

Une telle assertion eût été reçue, d’un bout à l’autre du pays, par un tel éclat de rire, que même des gens qui d’habitude osent tout, n’ont pas osé la faire.

Qui l’eût cru ! ce fut avec un petit bout d’argument aussi faux que maladroit, que M. Caron réussit à faire accepter son entrée dans le cabinet.

« M. Langevin, disait-il, étant élu pour les Trois-Rivières, Québec se trouve privée d’un représentant dans le cabinet fédéral ! »

Or, les gens de Montréal eussent pu rétorquer, après la retraite de MM. Masson et Baby :

« Mousseau étant élu à Bagot, dans le district de St-Hyacinthe, Montréal n’est nullement représenté dans le cabinet. » Eh bien ! ce fut avec des droits aussi évidents à quatre sur cinq des hauts fonctionnaires fédéraux, que Montréal fut privée de trois de ces fonctionnaires et de tout le patronage qu’ils distribuent ! et cela grâce aux manœuvres égoïstes de M. Chapleau.


IV


Là ne se bornèrent pas ses prétentions : M. Chapleau réussit à faire entrer M. Mousseau dans le cabinet fédéral avec la condition qu’il en sortirait lorsque M. Chapleau serait disposé à y entrer.

Ce n’est pas tout : il y a beaucoup à présumer que si la fameuse nomination du septième juge à Montréal, a été retardée près de deux ans après que la loi pourvoyant à cette nomination eut été adoptée d’urgence, lorsque le besoin de ce juge était si grand, lorsque le barreau et les justiciables faisaient entendre de si pressantes réclamations, c’était afin de tenir cette place à la disposition de M. Chapleau et pour faciliter les combinaisons faites à son bénéfice personnel.