D. Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien ? —
R. Si j’étois pere, je gronderois mes enfants, quand ils me feroient une priere aussi injurieuse à mes devoirs & à mon cœur.
D. Pourquoi dites-vous : pardonnez-nous nos offenses ?
R. Je dis cela pour obéir, car un homme ne peut pas plus fâcher un Dieu que lui faire plaisir : d’ailleurs Dieu a-t-il besoin, pour être juste & clément, qu’on lui rappelle son équité & sa bonté ?
D. Expliquez-nous : comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
R. Je tremble toujours, quand j’entends ce passage sortir de la bouche d’un Prêtre. Hélas ! Que devienderions-nous, si Dieu ne pardonnoit pas mieux que ses Ministres ?
D. Et ne nous induisez pas à la tentation.
R. Pour cet article, j’ai beaucoup de répugnance à le prononcer ; car je le crois un véritable blasphême. Quoi ! un Dieu tenter l’homme ! Dieu ne seroit-il qu’un avec le démon ? On auroit du penchant à le croire, si on le jugeoit, d’après ses Vices-Dieu.
D. Mais délivrez-nous du mal…
R. De quel mal ?