Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/190

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donné, le revêt lui-même, il le nourrit, il l’enivre de douceur, il le comble de richesses inestimables. Il retrouve tout, pour avoir tout quitté. Pour s’être dépouillé de lui-même il est revêtu de moi. Il s’est fait lui-même, en toute chose, serviteur, par humilité, et le voilà devenu seigneur, maître du monde et de lui-même ! Il s’est comme aveuglé en renonçant à ses vues personnelles, et le voilà qui jouit de la plus pure lumière ! En désespérant de soi, il a conquis la couronne d’une foi vivante et d’une parfaite espérance qui ne l’abandonne jamais. Il goûte la vie éternelle, délivré de toute peine, parce que ses souffrances mêmes sont exemptes d’affliction. Il juge tout en bien, parce qu’en tout il découvre ma volonté et qu’il sait à la lumière de la foi que je ne veux rien d’autre que sa sanctification ; aussi, sa patience est-elle inaltérable.

Oh ! combien heureuse cette âme, qui, dans un corps mortel, n’en goûte pas moins le bien immortel ! Elle reçoit tout avec respect ; la main gauche ne lui pèse pas plus que la main droite . Tribulation ou consolation, faim ou nourriture, soif ou rafraîchissement, froid ou chaud, nudité ou vêtement, vie ou mort, honneur ou affront, affliction ou réconfort, elle accepte tout, elle est accueillante à tout, avec une humeur égale et tranquille. Rien ne l’abat, rien ne la trouble, rien ne l’ébranle. Elle est établie sur la roche vive elle a vu à la lumière de la foi, et