Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/206

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La principale est celle que je viens de dire, la volonté, qui est inexpugnable, si elle ne consent à se livrer, et qui commande les deux autres, qui sont la mémoire et l’intelligence. Si la volonté consent à lui livrer passage, l’ennemi, l’amour-propre, fera irruption dans la place, avec toute la troupe hostile qui le suit. Dès lors, l’intelligence est envahie par les ténèbres ennemies de la lumière, et la mémoire est occupée par la haine, par le ressentiment que provoque en elle le souvenir de l’injure reçue, haine et ressentiment directement hostiles à la charité, à l’amour du prochain. Elle est assaillie soudain par le souvenir de mille plaisirs du monde aussi nombreux, aussi variés que les divers péchés qui sont les ennemis nés des vertus.

Ces portes une fois livrées, toutes les autres issues s’ouvrent d’elles-mêmes ; ce sont tous les sens du corps, qui sont des organes correspondants aux facultés de l’âme. L’affection déréglée de l’homme, qui a ouvert ses portes, est donc en communication avec ces organes ; tous ceux-ci par conséquent sont contaminés par la corruption de la volonté, et leurs opérations s’en trouvent elles-mêmes souillées. L’œil donne et propage la mort, parce que désormais il n’est occupé qu’à considérer des objets de mort avec des regards dissolus, des manières provocantes, un extérieur déshonnête, signe de la vanité et de la légèreté du cœur. L’homme est ainsi, pour lui-même et pour les autres, une cause de mort.

O malheureux je t’avais donné tout cela pour élever tes regards vers le ciel. La beauté de mes