Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/293

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relations amènent des affections plus étroites ; leur corps est avide de plaisirs. Comme ils n’ont point cette bonne nourrice, l’humilité, ni sa sœur l’abnégation, ils se complaisent en eux-mêmes, ils aiment leurs aises, ils recherchent le bien-être, non comme des religieux, mais comme des grands seigneurs. Tous ces soucis mondains remplacent pour eux les veilles et la prière. ils ne pourraient pas se laisser aller à ces écarts, et à beaucoup d’autres, s’ils n’avaient pas d’argent pour suffire à toutes ces dépenses. C’est ainsi qu’ils se laissent entraîner à l’impureté : impureté du corps, ou tout au moins de l’esprit ; car si parfois la honte les arrête, ou s’ils n’ont pas l’occasion de satisfaire leur mauvais dessein, ils ne laissent pas que de commettre le mal dans leur cœur. Et comment pourraient-ils conserver leur âme pure, avec toutes ces conversations mondaines, avec toutes ces délicatesses sensuelles, avec toutes ces recherches dans la nourriture, et sans les veilles, sans la prière ?

Tous ces maux, tous ces périls qu’entraînent la possession des richesses et l’attachement à la propre volonté, la lumière de la foi les découvre de loin au véritable obéissant. Il voit clairement qu’il faut passer par ce portillon étroit, et qu’il n’y entrerait pas vivant, s’il ne possédait pour l’ouvrir, la clef de l’obéissance. Pas d’autre moyen pour lui de le franchir, je te l’ai dit. Il ne doit pas quitter cette barque de la religion ; et, qu’il te veuille ou non, il lui faut passer par la stricte obéissance à son supérieur.