Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/113

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tin, qu’elle haïſſoit à mort, par l’indifference que ſon Amant avoit pris pour elle. Elle reſolut de l’en punir par tous les ſupplices imaginables ; & pour les mieux faire ſentir, elle fut bien-aiſe de voir allumer une vive flamme dans les cœurs innocens de Pretintin & du beau Nirée : le petit Prince s’appelloit ainſi.

Il y avoit dans ces jeunes cœurs une preparation fatale pour ce que deſiroit la Fée. Un fond de tendreſſe infinie en faiſoit les caracteres. Elle voulut affliger Pretintin en la perſonne de ſon petit Amant, & fut ravi qu’ils s’aimaſſent éperduëment pour les faire enſuite ſouffrir davantage.

Elle mit le beau Nirée ſous la charge d’Arrogant ſon favori, & une fois tous les jours il voyoit la Princeſſe d’Armenie, parce qu’elle ſavoit bien que ſe voir & s’aimer étoit pour eux la même choſe, & qu’elle vouloit qu’ils ſe viſſent, afin qu’ils s’aimaſſent mieux.

Cette maniere de faire dura juſqu’à ce que Pretintin eût quinze ans & le Prince dix-ſept, & ils s’aimerent tant, qu’on ne pouvoit pas aimer plus.

Le Roy s’ennuyoit fort de voir auſſi