Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/120

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prix. Mais ſi vous le voulez, belle Pretintin, je demeureray auprés de vous, je vous garderay le jour & la nuit : j’ay un ſecret de me rendre inviſible. Inviſible, s’écria-t-elle, ah comment ! En mettant mon petit doigt dans ma bouche, réprit-il, & vous l’allez connoître. Il diſparut en diſant cela ; & Pretintin s’effrayoit, quand il eut l’audace de prendre un baiſer, dont elle fut extrémement irritée : elle fuyoit ſans ſavoir où. Vous étes bien hardi, luy dit-elle, laiſſez-moy ; & tendant les mains, elle ſentit qu’elle le touchoit. Reprenez vôtre figure, continua-t-elle, allez vous-en, que je ne vous voye jamais, je ne veux plus de vos ſervices, Nirée & moy ſerons malheureux, je le vois bien. Non, ma belle Princeſſe, réprit-il en ſe montrant, je viens de faire ma derniere fonction d’Amant auprés de vous, & puiſque vous ne le voulez pas, je ne ſeray que vôtre amy & celuy de Nirée : vous verrez que je puis vous faire de ſenſibles plaiſirs. Je vous quitte, & je vais trouver une des femmes du Mogol, avec qui j’ay un rendez-vous à minuit ſonnant.

Je compte donc ſur vôtre amitié,