Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/148

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mon deſtin, diſoit-elle, eſt-il bon, eſt-il mauvais ? J’aime un Inconnu qui peut-être n’a point de naiſſance, & dont le caractere me feroit rougir ſi je le connoiſſois. Mais non, réprit elle, ſi j’en crois mon cœur, tout répond en luy à une ſi belle repreſentation ; je ne puis rien aimer qui ne ſoit digne que je l’aime.

Le Prince Zelindor ſe preſentoit à elle le plus ſouvent qu’il pouvoit ; ſa vûë luy devenoit inſuppportable, elle l’accabloit d’une froideur qui le deſeſperoit, elle étoit naturellement douce, il ne pouvoit comprendre d’où venoit un ſi grand changement, elle devint réveuſe, & par conſequent ſolitaire : il craignit que quelqu’un ne l’occupât, il réſolut de l’obſerver, & ſuivoit ſouvent de loin les pas de la Princeſſe.

Elle avoit chaſſé tout un jour, & ſur le ſoir elle ſe rendit à cette admirable. Fontaine que la Fée Sublime avoit faite exprés pour elle.

C’étoit des eaux claires qui couloient dans une Opalle brillante ; les derniers rayons du Soleil ſembloient les percer pour y chercher leur demeure. Les feux qui partoient des yeux de Bleu faiſoient encore un effet plus prodigieux, on eût