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Berceau y fut porté avec rapidité, & il s’arrêta heureuſement dans les filets d’un Pêcheur, qui ſurpris & ravi d’une rencontre ſi miraculeuſe, accüeillit ce bel Enfant, le fit nourrir par ſa femme & s’enrichit de ſes dépoûilles.

Il nomma ce Prince Miracle, & l’éleva avec beaucoup de ſoin, mais ſelon la groſſiereté de la profeſſion.

Il devint grand, ſi bien formé, & ſi beau, qu’il meritoit d’avoir un autre theâtre que les bords de la mer, & un autre exercice que celuy de Pêcheur.

Il étoit inceſſamment avec ſes filets ou avec ſa ligne & ſes hameçons : mais il portoit des yeux bien plus capables de prendre des cœurs, que tout ce qu’il employoit pour prendre des poiſſons.

Il approchoit de ſa vingtiéme année, & ne connoiſſant que ſon métier, un inſtinct naturel luy faiſoit imaginer qu’il y avoit quelque choſe de meilleur à faire pour luy ; quand un matin qu’il avoit toute ſa pêche étalée au bord de la mer, il eut aſſez d’appetit pour vouloir déjeûner de quelques huîtres qu’il avoit priſes.

Elles étoient excellentes en ces quartiers là, & il s’en faut bien que celles