Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/18

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rendoit divertiſſant, elle lui faiſoit des hiſtoriettes agréables ; elle n’oublioit rien pour la divertir, & elle lui plaiſoit ſi naturellement, qu’on ne les voyoit plus l’une ſans l’autre.

Nabote dans tous ſes ſoins n’étoit pas moins occupé de ſa vengeance. Elle cherchoit le moyen de ſeduire Plus belle que Fée, & de l’obliger par fineſſe à mettre ſeulement le pied hors du ſeüil des portes du Château. Elle étoit toûjours preparée à faire ſon coup & à l’enlever.

Un jour qu’elle l’avoit menée dans le Jardin, où de jeunes ſilles aprés avoir cüeilli des fleurs, en ornoient la belle tête de Plus belle que Fée, Nabote ouvrit une petite porte qui donnoit ſur la campagne ; & l’ayant paſſée, elle faiſoit cent ſingeries, qui faiſoient rire la Princeſſe & la jeune troupe qui l’environnoit, quand tout d’un coup la méchante Nabote fit ſemblant de ſe trouver mal, & le moment d’aprés elle ſe laiſſa tomber comme évanoüie. Quelques jeunes filles coururent à ſon ſecours, blus belle que Fée y vola ; & à peine la malheureuſe fut-elle hors de cette fatale porte, que Nabote ſe releva,