Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/188

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faite dans les manieres tendres & ſenſibles de la Princeſſe d’Arabie : mais quoi ! elle étoit trop aimable, pouvoit il long-temps être heureux ?

La jalouſie ſe mêla de le tourmenter ; il avoit autant de Rivaux qu’il voyoit d’hommes. La Fée Abſoluë luy déroboit ſouvent l’entretien de ſa Princeſſe ; le Seigneur du Roc affreux l’obſedoit de prés, & cent autres l’incommodoient par des aſſiduitez éternelles.

Il étoit dans une peine extréme pour faire ſavoir à Lantine tout ce qui ſe paſſoit dans ſon cœur : mais il n’avoit aucune intelligence avec elle. Il étoit bien éloigné d’avoir la ſcience de ſon pere ; il regrettoit la mort de ce grand Enchanteur, dont le pouvoir l’auroit ſecouru au beſoin.

Il devint rêveur & ſolitaire. Il s’étoit retiré une fois dans une Orangerie ; il prit les Vers d’Anacreon, croyant que la lecture d’un Poëte ſi agreable diſſiperoit pour un moment ſon chagrin : il le feüilleta. Il ne faiſoit que le parcourir, quand il tomba ſur l’Ode troiſiéme. Cette ingenieuſe deſcription de l’arrivée & de la malice de l’Amour l’occupoit avec quelque plaiſir, lors qu’un éclat