Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/191

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Il s’arrêta comme on le peut juger, & voulut prendre une autre route : mais ces mêmes Archers ſe preſentoient toûjours.

Le pauvre Prince s’effraya, & jugea bien qu’il n’y avoit que le Seigneur du Roc affreux qui pût animer les pierres mêmes pour ſa ruïne.

Que feray-je ? diſoit-il tout deſolé. Je ne vaincray jamais ces guerriers ſi terribles. Il ſoûpiroit, il ſe tourmentoit, il ne ſavoit que faire. Enfin il s’aviſa de prononcer cette invocation à l’Amour.

Ô ! toy dont le pouvoir s’étend juſqu’aux Enfers,
Charmant Sorcier ; donnes-moy ta ſcience,
    Ces obſtacles me ſont offerts
Pour me faire ſentir d’un Jaloux la puiſſance :
    Je perds Lantine, je la perds,
Si je n’ay pas ta magique aſſiſtance.

À peine eut-il prononcé ces paroles, qu’il ſe ſentit tout animé ; & ſe reſſouvenant de la Fléche qu’il avoit à la main, il crut qu’elle valoit bien la Baguette de la plus grande Fée : de ſorte qu’il la lança avec vigueur contre l’Eſcadron