Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/193

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pour m’interdire la vûë de ma belle Princeſſe.

Ô toy ! s’écria t-il, viens vite à mon ſecours,
    Détruis ce ſurprenant myftere,
Cher Maître de mon cœur, Protecteur de Mes jours.
  Tu m’es encore neceſſaire.

Et ſe reſſouvenant de ſa bonne Fléche, il en preſenta la pointe à cette aimable paliſſade, qui ſe ſeparant auſſitôt, luy laiſſa un paſſage parfumé. Le Prince de Sabée avança, & n’ayant plus qu’un parterre à traverſer, il le vit ſe changer, en un Lac d’une prodigieuſe étenduë. Il s’arrêta aſſez interdit ; car il ne penſoit à ſa Fleche que quand il avoit invoqué l’Amour. Il la poſa à terre, pour détacher un cordon de ſoye qui tenoit à une petite barque, & dans le même temps la Fée Abſoluë ſe preſentant à luy, ramaſſa cette Fléche. Innocent, luy dit elle, oublies-tu ainſi tes plus fortes armes ; Pour moy qui en connois toute la vertu, je m’en ſerviray pour te nuire. Et lors rompant ce frelle bois en mille morceaux : Matiere combuſtible, s’écria-t-elle,