Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/197

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un : mais elle ſentit un chatoüillement extraordinaire dans ſa main, de ſorte qu’elle l’ouvrit promptement. Et lors ils ſe raſſemblerent tous vers le milieu de la chambre ; & ſe diſſipant tout d’un coup, Lantine vit en leur place un petit vieillard, qui avoit une barbe auſſi grande que luy : il avoit le teint frais, les yeux vifs, & l’air ſoûriant.

Elle n’éût point de frayeur, & cela devroit paroître fort-étrange ; au contraire elle s’appaocha gayement de luy. Pere de tous les humains, luy dit-elle, ne croyant pas ſi bien dire, à vôtre longue barbe je vous crois tel, d’où venez vous ? que voulez vous ? Je viens de quiter Panpan, luy répondit-il ; je veux vous unir, ſi vous vous abandonnez à ma conduite, & ſi vous faites exactement ce que je vous diray. Vous avez raiſon de m’avoir nommé comme vous avez fait. J’ay vû l’enfance du monde, je ſuis l’Amour. L’Amour, s’écria Lantine, l’Amour vieux & barbu ! on le peint ſi beau & ſi jeune. N’en ſavez-vous autre choſe, réprit-il ? tenez je vais paroître à vos yeux comme je ſuis devant Pſiché. Et ſe metamorphoſant dans un clin d’œil, elle fut ſurpriſe de ſa bel-