Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/21

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de Plus belle que Fée, croyant lui dérober une partie de ſes charmes. On la dépoüilla donc : mais la fureur de Nabote n’eut par là que plus à croître. Que de beautez parurent au jour ! & que de confuſion pour toutes les Fées du monde ! On la vêtit de méchans haillions : on eût dit dans cet état que la beauté ſimple & naïve vouloit triompher de la ſorte ſur la parure des plus grands ornemens ; jamais elle ne fut plus charmante. Nabote commanda qu’on la conduiſît au lieu qu’elle avoit ordonné, & qu’on lui donnât ſa tâche.

Deux Fées la prirent, & la firent paſſer par les plus beaux & les plus ſomptueux appartemens que l’on ſauroit jamais voir. Plus belle que Fée les conſideroit malgré la vûë de ſa miſere ; elle diſoit en elle-même : Quelques tourmens qu’on me prepare, le cœur me dit que je ne ſeray pas toûjours malheureuſe dans ces beaux lieux.

On la fit deſcendre par un grand eſcalier, de marbre noir, qui avoit plus de mille marches ; elle crut aller aux abîmes de la terre, ou plûtôt qu’on la conduiſoit aux enfers. Enfin elle entra