Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gnie, mais elle en craignoit le danger.

Elle s’étoit inſenſiblement accoûtumée à la vie qu’elle menoit ; quand un jour voulant ramaſſer ſon troupeau, il ſe mit à ſe répandre par la campagne & à la fuïr. Il la fuit en effet ſi bien, qu’en peu de temps elle ne vit plus pas un de ſes moutons. Suis je un Loup raviſſant, s’écria-t-elle ? que veut dire cette merveille ? Et appellant ſa brebis la mieux aimée, elle ne reconnut plus ſa voix ; elle courut aprés. Je me conſoleray de perdre tout le troupeau, luy diſoit-elle, pourveu que tu me demeures. Mais l’ingrate le fut juſqu’au bout, elle s’en alla avec le reſte.

La Bonne Femme fut trés-affligée de la perte qu’elle avoit faite. Je n’ay plus rien, s’écrioit-elle ; encore peut-être que je ne retrouveray pas mon jardin, & que ma petite maiſon ne ſera plus à ſa place.

Elle s’en retourna tout doucement, car elle étoit bien laſſe de la courſe qu’elle avoit faite ; des fruits & des legumes la nourrirent quelque temps, avec une proviſion de fromage.

Elle commençoit à voir la fin de tou-