Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/218

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tes ſes choſes. Fortune, diſoit-elle, tu as beau me chercher pour me perſecuter, aux lieux même les plus reculez, tu n’empêcheras pas que je ne ſois prête à voir les portes de la mort ſans frayeur, & aprés tant de travaux je deſcendray avec tranquillité dans les lieux paiſibles.

Elle n’avoit plus de quoy filer, elle n’avoit plus de quoy vivre : & s’appuyant ſur ſa quenoüille, elle prit ſon chemin dans un petit bois, & cherchant de l’œil une place pour ſe repoſer, elle fut bien étonnée de voir courir vers elle trois petits enfans plus beaux que le plus beaux jour. Elle fut toute réjoüie de voir une ſi gracieuſe compagnie. Ils luy firent cent careſſes, & ſe mettant à terre pour les recevoir plus commodément, l’un luy paſſoit ſes petits bras autour du col, l’autre la prenoit par derriere, & le troifiéme l’appelloit ſa mere. Elle attendit long-temps pour voir ſi on ne les viendroit point chercher, croyant que ceux qui les avoient amenez là ne manqueroient pas de les venir reprendre. Tout le jour ſe paſſa ſans qu’elle vit perſonne.

Elle ſe réſolut à les mener chez elles,