Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nettoyur ce marbre & ôter ces toiles d’araignée, elle trouva qu’elles ne faiſoient qu’augmenter ; elle ſe laſſa quelque temps ; & voyant avec triſteſſe que c’étoit vainement, elle jetta ſon balay, deſcendit, & s’aſſeyant ſur le dernier échelon de l’échelle, elle ſe mit tendrement à pleurer, & à connoître tout ſon malheur. Ses ſanglots ſe precipitoient ſi fort les uns ſur les autres, qu’elle n’avoit plus la force de ſoûtenir ſon beau corps, quand levant un peu la tête, ſes yeux furent frapez d’une vive lumiere. Toute la galerie fut dans un inſtant éclairée, & elle vit à genoux devant elle un jeune garçon ſi beau & ſi agréable, qu’à l’habillement prés, elle le prit pour l’Amour : mais elle ſe ſouvint qu’on peignoit l’Amour tout nud ; & ce beau garçon avoit un habit tout couvert de pierreries. Elle douta aufſi ſi toute cette lumiere ne partoit pas du feu de ſes yeux, qu’elle voyoit ſi beaux & ſi brillans. Ce jeune garçon la conſideroit toûjours à genoux, elle s’y voulut mettre auſſi. Qui étes-vous, lui dit-elle toute étonnée ? Etes-vous un Dieu ? étes-vous l’Amour ? Je ne ſuis pas un Dieu, lui répondit il : mais j’ay plus