Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/236

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que s’ils euſſènt tous été ſes enfans, & conçut dés ce moment même une grande amitié pour la Bonne Femme.

Elle admira la maiſon, le jardin, toutes les ſingularitez qu’elle y vit. Quand elle fut retournée, le Roy voulut qu’elle luy rendît conte de ſon voyage : elle le fit naturellement. Il luy prit une forte envie d’aller voir auſſi tant de merveilles. Son fils luy demanda la permiſſion de l’accompagner ; il y conſentit d’un air bourru, parce qu’il ne faiſoit jamais rien de bonne grace. D’abord qu’il vit la maiſon des Roſes, il la convoita : il ne prit pas ſeulement garde aux charmans habitans d’un ſi beau lieu, & pour commencer à s’en emparer, il dit qu’il y vouloit coucher ce ſoir là.

La Bonne Femme fut trés-fâchée d’une telle réſolution. Elle entendit un tintamarre, & vit un deſordre chez elle qui l’effraya. Qu’allez vous devenir, s’écria-t-elle, heureuſe tranquilité que je goûtois ? Le moindre air de fortune renverſe tout le calme de la vie.

Elle donna au Roy un lit excelent, & ſe retira à un coin du logis avec ſa petite famille. Quand le méchant Roy fut couché, il luy fut impoſſible de dormir ; & ouvrant